S’il est un problème de fond de notre sport, c’est sûrement la façon dont il est géré : aucune imagination, aucune prospection des voies de l’avenir, et des moyens précaires qui ne suffisent pas à couvrir les besoins financiers de l’élite et de la base. Parce que derrière tout cela, une «obsession» d’appliquer de lourdes procédures et une bureaucratie délétère qui s’est enracinée au ministère des Sports depuis de longues années.
Et aujourd’hui, ce ministère se trouve dépassé et submergé car il est resté dans un schéma conservateur bureaucratique qui ne change pas, qui n’innove pas. Voilà le ministère des Sports qui, comme ses prédécesseurs, n’a pas réussi à faire un bond vers l’avenir et qui s’est empêtré dans des déclarations et des décisions ratées qui n’ont pas résolu les problèmes existants. De plus, son staff est d’une faiblesse criarde tout comme la plupart de ceux et de celles qui ont entouré les différents ministres des Sports. Ce sont des gens collés à leurs bureaux et en décalage par rapport aux soucis et aux souffrances des sportifs. Et même ceux qui viennent du terrain, ils finissent par patauger au milieu d’un système biaisé et incorrigible. Tant qu’on a décidé de se renfermer dans ce modèle classique de gestion bureaucratique dénué de tout courage de changer, ce ministère des Sports va demeurer un handicap pour le développement du sport tunisien. La question n’est pas seulement de moyens financiers, mais aussi une question de «classicisme» et de «clientélisme». Avec ces mêmes moyens (petits c’est indiscutable), on pouvait améliorer la réalité des sportifs d’élite et des équipements. Et avec des idées et l’ouverture sur le secteur privé (dans le cadre de la loi partenariat public-privé) et les associations et les personnalités du sport, on pouvait investir plus et mieux. Mais malheureusement, le sport ne rentre pas dans la politique générale de l’Etat qui pense encore que c’est une activité ludique pour des amateurs pas plus. Entre-temps, les miraculeuses performances internationales de nos athlètes ne sont que le fruit de leur talent fou, et de leur persévérance, eux et leurs staffs. Entre-temps également, le sport tunisien, mal géré, perd de la distance par rapport à des pays voisins. La faute est aux dirigeants, et à leur tête ceux du ministère des Sports qui vivent dans un autre monde.
